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L’immobilier, le seul placement à effet de levier (à ennuis) ?

L’immobilier est souvent considéré comme un placement sûr et rentable, offrant des perspectives de valorisation à long terme. On ne compte pas les communications qui vantent les bienfaits de ces « revenus passifs ». Cependant, derrière l’apparente sécurité de ce type d’investissement se cache une réalité bien plus complexe. L’immobilier, avec son fameux « effet de levier », peut rapidement devenir un « effet de levier à ennuis » si l’on ne prend pas en compte les nombreux risques et complications liés à ce secteur. Dans cet article, nous explorons les principaux problèmes que peuvent rencontrer les investisseurs immobiliers.

L’Effet de Levier : Un Risque Sous-Estimé

L’un des grands attraits de l’immobilier est la possibilité d’emprunter pour financer un achat, créant ainsi un effet de levier. Certains investisseurs se laissent séduire par les financements dits « à 110 % », où la banque finance non seulement l’achat du bien, mais aussi les frais annexes comme les frais de notaire ou les travaux. Si cette option permet de ne pas avancer de fonds propres, elle augmente en revanche le niveau d’endettement et le risque financier.

En cas de baisse des prix de l’immobilier ou de difficulté à rembourser les mensualités du prêt, le propriétaire se retrouve avec une hypothèque sur le bien. L’hypothèque est un moyen pour la banque de se garantir en cas de défaut de paiement, en saisissant le bien pour se rembourser. Cependant, en cas de revente à perte, l’emprunteur reste responsable du solde de la dette. Cette situation peut rapidement dégénérer, en particulier si le marché immobilier connaît une baisse ou si l’investisseur traverse une période de difficultés financières.

Les Frais Cachés et les Surprises Financières

Contrairement à d’autres types d’investissements, l’immobilier entraîne des frais non négligeables qui ne sont pas toujours bien anticipés. Parmi eux, on retrouve :

  • Frais de notaire : Ces frais s’ajoutent au coût d’achat et peuvent représenter une part significative de l’investissement initial.
  • Charges de copropriété : Ces charges incluent l’entretien des parties communes, la gestion des espaces extérieurs, ou encore des frais de syndic. Malheureusement, la plupart de ces charges croissent beaucoup plus vite que l’inflation. Dans mon expérience personnelle, le choix du syndic Foncia en 2014 pour une petite copropriété de 9 logements a entraîné une augmentation des charges de 200% en l’espace de 10 ans, principalement en honoraires, commissions sur travaux (souvent eux-mêmes réalisés avec des prestataires choisis par le syndic)
  • Taxes foncières : Les propriétaires doivent s’acquitter de taxes, dont le montant peut varier d’une année à l’autre, voire augmenter de manière imprévisible, dépassant souvent le simple taux d’inflation comme c’est le cas ces dernières années
  • Rénovations et entretiens : Des travaux imprévus, comme des fuites, des mises aux normes ou des rénovations énergétiques, peuvent s’imposer et engendrer des coûts importants.
  • Frais de gestion locative : En cas de gestion par une agence, des frais de gestion sont prélevés sur les loyers perçus.
  • Frais juridiques : En cas de litige avec un locataire ou un copropriétaire, les frais d’avocat ou de procédure peuvent vite s’accumuler.
  • Divorce : En cas d’engagement avec un(e) partenaire sur un bien immobilier, les coûts de cession d’additionnent à tous ces frais au moment de la séparation.

Ces frais, souvent sous-estimés, viennent réduire significativement la rentabilité réelle de l’investissement et créer de nombreuses sources d’ennuis pour les propriétaires.

Les Taux de Rendement : Une Vision Illusoire

Les taux de rendement affichés par les promoteurs immobiliers et les agences n’incluent jamais les imprévus qui peuvent survenir sur de longues périodes. Pourtant, ces périodes sont précisément celles où les risques se manifestent le plus. Impayés de loyers, dégradations des biens, évolutions législatives et fiscales : tous ces éléments peuvent grandement affecter la rentabilité réelle d’un investissement immobilier.

La Réalité des Revenus Passifs : Un Mythe à Démystifier

La gestion d’un ou plusieurs biens immobiliers est souvent présentée comme une source de « revenus passifs », mais la réalité est bien différente. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, gérer un bien locatif demande du temps et de l’énergie. Entre les recherches de locataires, la gestion des impayés, les réparations urgentes, les rénovations nécessaires, et les interactions avec le syndic ou les agences immobilières, l’activité est loin d’être passive.

Les propriétaires doivent souvent jongler entre leurs obligations professionnelles et la gestion de leurs biens, ce qui peut devenir un fardeau, surtout lorsque des imprévus surgissent. L’idée d’un revenu passif et stable grâce à l’immobilier masque donc une réalité où la gestion est active, exigeante et parfois source de stress.

Mon Expérience Personnelle : Quand la Rentabilité Ne Suit Pas

Pour illustrer ces difficultés, je partage mon expérience personnelle. J’avais mis en location meublée un appartement qui était mon ancienne résidence principale, sans avoir à engager de frais initiaux pour aménager le logement. J’ai tenté la location en bail étudiant et via Airbnb, mais malgré un loyer mensuel de 800 euros, le gain annuel net après impôts et charges ne tournait qu’aux alentours de 2 200 euros.

Ce montant, relativement faible par rapport au temps et aux efforts investis (gestion des locataires, gestion administrative, entretiens, etc.), m’a fait prendre conscience que l’effort ne valait pas la peine, surtout en comparaison d’une journée de travail en tant qu’indépendant. Cette expérience m’a poussé à abandonner cette voie, et je me suis rendu compte que les rendements attendus dans l’immobilier locatif ne compensent pas toujours les efforts et les risques engagés.

Pour plus d’informations sur les bénéfices réels de la location, estimés en moyenne à 3504 € par an en 2022, vous pouvez consulter cet article : Bénéfice location – Le Figaro Immobilier.

2024 : Une Année Difficile pour l’Investissement Immobilier Hors Résidence Principale

L’année 2024 semble être une des pires pour les investissements immobiliers, en particulier pour ceux qui ne concernent pas la résidence principale. Le gouvernement a annoncé sa volonté de supprimer la niche fiscale des Loueurs en Meublé Non Professionnels (LMNP), un dispositif qui permettait jusqu’ici de bénéficier d’un régime fiscal avantageux pour les locations meublées.

Le LMNP permettait aux propriétaires de déduire certains frais, d’amortir leur bien et de bénéficier de réductions d’impôt sur les revenus locatifs. La disparition de cette niche fiscale risque de rendre ces investissements bien moins attractifs, voire désavantageux pour de nombreux propriétaires. Ceux qui se sont lancés dans ce type de placement doivent désormais anticiper une hausse des taxes et une diminution de leurs revenus nets.

La démographie en baisse presque partout : Le Cas édifiant de la Chine

L’exemple de la Chine illustre bien l’un des risques inhérents à l’immobilier : l’imprévisibilité des tendances démographiques. Avec une population en déclin et près de 75 millions de logements inoccupés, le marché immobilier chinois est confronté à une crise majeure. Cette situation, en partie liée à la démographie, ne peut que s’empirer, entraînant une surabondance de biens immobiliers et une chute des prix. Cela montre que même dans des économies en croissance rapide, le marché immobilier reste vulnérable aux fluctuations et aux transformations sociétales, rendant tout investissement incertain.

Les Parties Prenantes : Les Vrais Gagnants de l’Immobilier

Il est également essentiel de noter que ceux qui promeuvent le plus l’investissement immobilier sont souvent les premiers bénéficiaires, sans prendre eux-mêmes de risques. Les notaires, les agences immobilières, les banques, et même l’État tirent un profit immédiat de chaque transaction (y compris cession lors d’une séparation), à travers les frais de notaire, les commissions, ou encore les taxes. Ils bénéficient de ces investissements indépendamment des résultats financiers (bons comme mauvais) que les propriétaires pourront en tirer à long terme.

Conclusion : Une Réflexion Nécessaire sur l’Immobilier

L’immobilier, avec ses promesses de rendements élevés grâce à l’effet de levier, cache en réalité une série de pièges et de risques qu’il est essentiel de prendre en compte. Qu’il s’agisse des frais inattendus, des difficultés de gestion locative, ou des aléas du marché, les investisseurs doivent être conscients que ce placement n’est pas aussi serein qu’il en a l’air.

En France, seule la résidence principale reste exonérée d’impôts sur les plus-values, et l’un des rares bons plans fiscaux consiste à rénover, habiter, puis revendre un bien. Cependant, ce type d’opération n’est pas dans mes capacités. De plus, il est crucial de noter que l’État ne prend pas en compte l’inflation pour calculer les plus-values immobilières, ce qui désavantage les propriétaires en période de forte inflation.

Pour diversifier son portefeuille immobilier, il peut être préférable d’envisager un investissement à l’étranger (éventuellement via SCPI). Cependant, une analyse approfondie des contraintes locales, voire une présence régulière dans les pays choisis, est indispensable. Le manque de liquidité de ces placements, comme la difficulté à revendre des parts de SCI en 2024, souligne l’importance d’une grande vigilance.