Crowdfunding immobilier: est-ce plus rentable que le casino ?

L’investissement en crowdfunding immobilier est souvent présenté comme une opportunité de rendement élevée. Des plateformes comme Homunity affichent des taux de rendement attractifs, avec un rendement moyen annoncé de 8,66% et un taux de défaut de 7,25%. Mais est-ce réellement une option plus rentable et sécurisée que de jouer au casino, surtout pour les petits épargnants ? Examinons cela en détail, en nous basant sur un calcul de taux de rendement maximal.

Le calcul du rendement : diversification maximale chez Homunity

Pour maximiser le rendement et diluer le risque, supposons qu’un investisseur place 1000 euros (la somme minimale par projet chez Homunity) dans 400 projets, ce qui représente un investissement total de 400 000 euros. Sur la base du taux de défaut de 7,25%, cela signifie que 29 projets sur 400 auront échoué, engendrant une perte de 29 000 euros. Si le taux moyen de rendement des projets qui réussissent est de 8,66%, voici le calcul du retour réel :

Calcul détaillé :

  1. Montant investi dans les projets réussis :
    • Nombre de projets réussis : 371 (400 – 29).
    • Montant investi dans les projets réussis : 371 000 euros (371 x 1000).
  2. Calcul des gains avec un taux de rendement de 8,66% :
    • Gain des projets réussis : 32 128,60 euros (371 000 x 0.0866).
  3. Calcul du retour total :
    • Montant total récupéré : 403 128,60 euros (371 000 + 32 128,60).
  4. Calcul du rendement réel :
    • Rendement réel par rapport à l’investissement initial : (403128,60−400000)/400000×100=0,78%

Ce résultat montre qu’en dépit d’une diversification maximale, le rendement réel reste très faible, à peine supérieur à zéro. En prenant en compte le temps nécessaire pour gérer ces investissements, le crowdfunding immobilier ne semble aucunement prouver sa rentabilité à long terme, sans même prendre en compte une conjecture économique défavorable dans le secteur.

Mon expérience personnelle

J’ai moi-même investi dans deux projets via une plateforme de crowdfunding immobilier, pour un montant total de 2000 euros. L’un des deux projets s’est soldé par un défaut, et je n’ai récupéré que 1140 euros en tout. Cela montre bien le risque associé à ce type d’investissement, et l’importance de diversifier. Cependant, comme beaucoup d’épargnants, je n’ai ni le temps ni les moyens d’investir dans 400 projets pour diluer ce risque, surtout pour ne faire que 0,78% de plus-value en plusieurs années. Cela s’avère donc chronophage, risqué, et très peu rémunérateur. Bien que peu lisible (on préférerait avoir les chiffres que je partage ici), Homunity présente sur une page le statut de ses projets

Les bénéfices du crowdfunding immobilier

  • Potentiel de rendement élevé : Les plateformes comme Homunity affichent des rendements moyens de 8% ou plus, ce qui dépasse largement les rendements des produits d’épargne traditionnels comme le Livret A ou l’assurance-vie en fonds euros.
  • Accessibilité : Le crowdfunding immobilier permet à des investisseurs particuliers d’accéder au marché immobilier avec des montants relativement modestes (à partir de 1000 euros).
  • Diversification sectorielle et géographique : Ces plateformes permettent de diversifier les investissements en fonction de différents critères, réduisant ainsi l’exposition à un risque unique.

Les risques : une rentabilité incertaine

  • Taux de défaut élevé : Un taux de défaut de 7,25% peut rapidement engloutir les gains potentiels, surtout pour ceux qui n’ont pas les moyens de diversifier suffisamment.
  • Risque accru pour les petits investisseurs : Sans une capacité de diversification large (400 projets ou plus), le risque est concentré, augmentant les probabilités de perte.
  • Temps et effort : Analyser chaque projet, dans une moindre mesure suivre les chantiers et les communications avec la plateforme devient chronophage, surtout pour les petits investisseurs.

Conclusion

Le crowdfunding immobilier, même avec un taux de rendement annoncé attractif, s’avère à la fois chronophage, risqué, et peu rémunérateur. Mon expérience personnelle montre que la diversification est essentielle pour minimiser les pertes, mais elle nécessite un capital et un temps que beaucoup d’épargnants n’ont pas. En l’état, il ne s’agit absolument pas d’un investissement à recommander pour une gestion en bon père de famille.