Dans un monde où les préoccupations environnementales prennent une place centrale, il est naturel que de nombreux épargnants cherchent à allier placements financiers et valeurs personnelles. Investir de manière responsable, dans des projets durables ou ayant un impact positif sur l’environnement, semble être une démarche alignée avec l’air du temps. Mais attention : derrière l’image vertueuse affichée par certains produits financiers, se cachent parfois des réalités bien moins flatteuses.
Le greenwashing financier : quand les belles promesses masquent la réalité
Prenons l’exemple d’une entreprise locale cotée en bourse, qui vise à avoir de bons scores ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance). Ces notes sont censées refléter son engagement en faveur du développement durable. Cependant, une analyse plus poussée révèle un fossé entre les engagements affichés et les pratiques réelles. Par exemple :
- Transport non durable : Les employés de cette entreprise effectuent régulièrement des déplacements en avion, notamment pour des salons professionnels, une pratique difficilement conciliable avec une démarche écologique.
- Communication outrancière : Une large part de leurs efforts semble destinée à soigner leur image « verte » plutôt qu’à réduire réellement leur empreinte carbone.
Ces contradictions, bien que frustrantes, sont fréquentes dans les grandes entreprises cherchant à séduire des investisseurs sensibles à la cause environnementale. Cela souligne l’importance de ne pas se contenter des déclarations officielles, mais de creuser au-delà des apparences.
Les produits financiers durables : attention aux frais cachés
Le marketing ne s’arrête pas aux entreprises. Les institutions financières exploitent également l’engouement pour l’investissement durable, parfois au détriment des épargnants. Un exemple frappant est celui d’un « compte de paiements responsables », d’un PER « vert » (Goodvest) ou d’une assurance vie « durable » (Green Got), souvent proposés comme des solutions alignées avec des objectifs écologiques. Mais ces produits sont souvent accompagnés de frais bien plus élevés que leurs alternatives classiques, alors que rien ne le justifie (et certainement pas la cause environnementale).
Prenons un cas concret : une assurance vie « orientée » facturant 1,6 % de frais annuels. Ces frais, bien au-delà de la moyenne (qu’on peut considérer à 0,75%) pour de nouveaux acteurs financiers non bancaires, ont un impact dramatique sur la rentabilité à long terme en raison des frais composés, un phénomène qui grignote le rendement de vos investissements année après année. (Pour en savoir plus sur ce sujet, consultez notre article sur les frais composés.)
Le marketing reste du marketing, quelle que soit la cible
Les épargnants cherchant à investir de manière responsable doivent garder à l’esprit que le marketing, qu’il cible des amateurs de rendement ou des convaincus de l’écologie, reste avant tout une démarche commerciale. Les institutions financières cherchent à capter de nouveaux clients en exploitant des sujets qui résonnent émotionnellement, comme l’écologie ou l’éthique. Cela ne signifie pas que tous les produits ou entreprises soient dénués d’intérêt, mais il est essentiel de rester vigilant et de poser les bonnes questions :
- Quels sont les frais réels associés à ce produit ?
- Les engagements affichés se traduisent-ils par des actions concrètes et mesurables ?
- Existe-t-il des alternatives moins coûteuses ou plus transparentes ?
Conclusion : investir en accord avec ses valeurs, mais sans naïveté
Il est tout à fait possible d’investir de manière responsable sans tomber dans les pièges du marketing vert. Pour cela, il est crucial de faire preuve de discernement, de comparer les offres et de privilégier la transparence. Ne succombez pas aux sirènes d’un discours séduisant : un investissement durable doit l’être dans les faits, pas seulement sur le papier. Un engagement (investissement de temps) dans votre travail de sensibilisation et de réduction de l’empreinte carbone, un investissement direct (private equity) dans des sociétés à impact que vous connaissez dans la vraie vie et non via une page web, un PDF ou une video seront ô combien plus utiles à la cause.
En gardant cet état d’esprit, vous pourrez allier rentabilité et responsabilité sans compromettre vos objectifs financiers ni vos valeurs.